Quelles méthodes pour impliquer efficacement les citoyens ?
1. Soigner le diagnostic : qui sont les « citoyens » concernés ?
Le terme « citoyens » recouvre des réalités multiples : habitants historiques, nouveaux venus, usagers, associations, acteurs économiques… Impliquer c’est s’assurer d’être représentatif, de ne pas laisser l’initiative qu’aux « habitués ». Les démarches qui cartographient en amont les publics, les zones blanches (publics absents), et qui adaptent leurs outils (traduction, horaires, mobilité…) touchent plus juste.
À Bordeaux Métropole, les « ambassadeurs du quartier », sélectionnés au sein de groupes sous-représentés, ont permis de ramener 35% de participants nouveaux lors du budget participatif 2022 (source : Ville de Bordeaux).
- Privilégier l’aller-vers : marchés, sorties d’école, manifestations de quartier.
- Mobiliser les associations-relais (centres sociaux, associations de proximité).
- Fournir des supports plurilingues, accessibles, adaptés à tous les niveaux de culture ou de maîtrise du français.
2. Diversifier les outils : pour chaque contexte, une solution
Oublier le « tout numérique » ou le « tout atelier ». Les expériences les plus solides combinent différentes modalités :
- Ateliers délibératifs et forums ouverts : adaptés pour l’expression de points de vue multiples.
- Plateformes numériques : facilitent l'accès à l'information et la remontée d'idées, mais ne suffisent pas à toucher les personnes éloignées du numérique (selon l’INSEE, 15% de la population française est en situation d’illectronisme en 2021).
- Entretiens individuels / micro-trottoirs : essentiels pour recueillir la parole de celles et ceux qui ne se déplacent pas dans les réunions publiques.
- Débats mobiles : mini-débats installés dans l'espace public ou les lieux de travail, pour augmenter le taux de participation (utilisé à La Rochelle pendant la concertation sur le réaménagement des quais).
Le choix des outils doit coller au projet, mais surtout aux usages et disponibilités réelles des citoyens.
3. Travailler sur la temporalité : la participation, pas qu’au démarrage
L’erreur fréquente consiste à n’impliquer les citoyens qu’au stade amont d’un projet – celui du « lancement agréable ». Or, beaucoup d’innovations ou de tensions émergent après : lors de l’expérimentation de solutions, de l’ajustement aux réalités du terrain, ou de l’évaluation finale.
- Associer les habitants lors du suivi et des bilans intermédiaires.
- Faire remonter les retours d’expérience sur ce qui fonctionne… ou pas.
À Poitiers, dans le cadre du projet « Poitiers Collectif », les citoyens ont pu se saisir des résultats d’une première phase de concertation pour influer sur le cahier des charges final des aménagements – une rareté, mais un vrai facteur de satisfaction et d’appropriation (source : Ville de Poitiers, 2023).